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Les Jeux Olympiques : un enjeu médiatique et politique.

dimanche 3 septembre 2023, par Sébastien Bépoix

Cela n’aura sans doute échappé à personne : les Jeux Olympiques de 2024 se dérouleront à Paris.
Petit retour sur quatre olympiades qui montrent combien le sport a été également l’objet de rivalité et d’affrontement entre l’URSS et les Etats-Unis lors de la Guerre froide.

1952 : LES JEUX D’HELSINKI

1. ENTREE DE L’URSS :

"A partir de 1952, l’URSS intègre les JO et la guerre froide devient sportive. À Helsinki, les Jeux prennent une dimension géopolitique très forte quand le CIO accepte que l’URSS, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne fassent bande à part dans un village olympique séparé construit pour l’occasion. Dès lors, l’événement olympique est géopolitique dans la mesure où le territoire de la ville d’Helsinki devient l’expression géographique et symbolique de la guerre froide. Pour Staline, le coup d’essai est presque un coup de maître. À sa première participation, l’URSS finit deuxième derrière les États-Unis."

Lukas Aubin, Jean-Baptiste Guégan. Atlas géopolitique du sport, Autrement, 2022.

2. EMIL ZATOPEK :

"Aux Jeux d’Helsinki en 1952, Emil Zátopek accomplit l’exploit jamais égalé de remporter la médaille d’or sur 5.000 mètres, 10.000 mètres et le marathon. Un exploit désormais dans les annales de l’Olympisme. Dans le climat de la Guerre froide croissant, Emil Zátopek bénéficie d’une immense popularité de part et d’autre du rideau de fer. À l’Ouest, la « locomotive tchèque », au style de course pourtant disgracieux, est admiré pour ses performances et respecté pour sa capacité à endurer la souffrance qu’exprime son visage déformé par l’effort. À l’Est, Emil Zátopek est l’instrument de la propagande et un « modèle communiste » en tant qu’ancien ouvrier et champion d’exception. De même, ses entraînements acharnés tout autant que méthodiques sont à l’image des valeurs d’effort, de travail et d’organisation promues par les régimes communistes — dont ses victoires traduisent l’efficience —, et qui deviennent des thèmes de propagande promus dans le monde entier.

https://casdenhistoiresport.fr/exposition/exposition-augmentee/1952-helsinki-emil-zatopek-paix

PODIUM 1952
1. ETATS UNIS
2. URSS
3. HONGRIE

 

1972 : LES JEUX DE MUNICH

Le 5 septembre 1972, alors que les jeux ont débuté depuis le 26 aout, un commando de terroristes palestiniens baptisé Septembre Noir pénètre dans le village olympique, et prend en otage des athlètes israéliens. Leur revendication : la libération de 232 prisonniers palestiniens et des terroristes de la Fraction armée rouge. Onze otages trouveront la mort, ainsi que 5 terroristes et un policier allemand.

 

1. MARK SPITZ :

 

28 août et le 4 septembre 1972, l’américain Mark Spitz dispute et remporte sept épreuves : 200 m papillon, relais 4 x 100 m, 200 m, 100 m papillon, relais 4 x 200 m, 100 m, relais 4 x 100 m 4 nages. Son record restera inégalé jusqu’en 2008.

(GRANGER - Historical Picture Archive/Alamy Stock Photo)

2. LA FINALE DE BASKET USA-URSS

Invaincus depuis l’intronisation du Basket-ball aux Jeux Olympiques en 1936, Les USA affrontent l’URSS en finale des Jeux de Munich.A la fin du temps réglementaire, les USA remportent le match 50-49 et s’imaginent champions olympiques. Mais une erreur de chronomètre ajoute 3 secondes de temps additionnel.Lors des trois secondes supplémentaires de jeu, le russe Alexandar Belov parvient à marquer et l’URSS remporte la finale 51 à 50. Les Américains protestent. Après 14 heures de débats, les juges rendent leur verdict : l’URSS est championne olympique. Les Américains refuseront de venir chercher leur médaille de la seconde place sur le podium.

 

https://www.eurosport.fr/basketball/les-grands-recits/2018/les-grands-recits-munich-1972-douze-hommes-en-colere_sto7721157/story.shtml

PODIUM 1976
1. URSS
2. ETATS-UNIS
3. RDA

 

1980 : LES JEUX DE MOSCOU :

 

1. LE BRAS D’HONNEUR DE LA DISCORDE :

"Władysław Kosakiewicz (…) s’impose finalement en établissant même un nouveau record du monde à 5,78 mètres à la suite d’un duel avec le Soviétique Konstantin Volkov soutenu fiévreusement par le public. En réponse à la franche hostilité des spectateurs russes, Władysław Kosakiewicz leur adresse un bras d’honneur. L’image fait le tour de monde — à l’exception des pays du bloc de l’Est — et devient le symbole de l’aspiration à la démocratie. L’URSS voit dans ce geste une insulte « contre le peuple soviétique » et demande au CIO que sa médaille lui soit retirée. Le gouvernement polonais évoque un « spasme musculaire » pour justifier le geste et refuse de sanctionner celui qui est élu « sportif polonais de l’année » au regard de sa popularité."

https://casdenhistoiresport.fr/exposition/sportives-et-sportifs/wladyslaw-kozakiewicz

Photographie de Rich Clarkson, 1980.

2. LE BOYCOTT AMERICAIN :

" Il est presque impossible d’éviter l’ingérence de la politique dans le sport" nous déclare le nouveau président du C.I.O.C’est à 15 heures, heure française, ce samedi 19 juillet, que devaient être ouverts officiellement, à Moscou, les XIXe Jeux olympiques - ceux de la XXIIe olympiade - qui sont aussi les Jeux les plus controversés de l’histoire olympique. M. Leonid Brejnev, chef de l’État, devait prononcer au stade Lénine, devant cent mille personnes, le discours d’ouverture de ces Jeux qui prendront fin le 3 août. Cinq mille six cent quatre-vingt-sept athlètes représentant quatre-vingts pays participeront aux compétitions. Le mouvement de boycottage lancé par M. Carter après l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan a entraîné la défection de cinquante-six pays. Certaines délégations ont annoncé qu’elles ne participeraient pas à la cérémonie inaugurale."

Le Monde, Par ALAIN GIRAUDO et DANIEL VERNET, le 21 juillet 1980

https://www.lemonde.fr/archives/article/1980/07/21/il-est-presque-impossible-d-eviter-l-ingerence-de-la-politique-dans-le-sport-nous-declare-le-nouveau-president-du-c-i-o_2795564_1819218.html

PODIUM 1980
1. URSS
2. RDA
3. BULGARIE

 

1984 : LOS ANGELES

 

1. LE BOYCOTT SOVIETIQUE :

"Rebelote quatre ans plus tard, mais avec inversion des rôles. L’URSS boycotte les JO de Los Angeles aux côtés de quatorze autres pays. Officiellement, les Russes voulaient rendre la pareille aux Américains. Officieusement, les Soviétiques auraient surtout eu peur que leurs athlètes se fassent la malle en profitant de ce déplacement pour basculer à l’Ouest. Une décision qui a bien arrangé les Etats-Unis, pour qui une victoire de la sélection russe sur leur sol aurait été une humiliation sans précédent."

https://www.liberation.fr/sports/jeux-olympiques/boycotts-et-menaces-les-grands-classiques-des-jeux-olympiques-20211207_UXAXGB6WWNBTRIJRR6RPBRO6EQ/ (consulté le 15 janvier 2023)

2. LE BOYCOTT VU PAR LA PRESSE AMERICAINE :

The May 21, 1984 Sports Illustrated Cover, by Edward Kasper. (SI Cover/Sports Illustrated/Getty Images)

PODIUM 1984
1. ETATS-UNIS
2. ROUMANIE
3. RFA

 

A consulter en ligne : l’exposition augmentée de la Casden (réalisée par un conseil scientifique composé (entre autres) de Pascal Blanchard, Patrick Clastres, Fabrice Auger...) : https://casdenhistoiresport.fr/exposition/exposition-augmentee/1896-athenes-alfred-hajos-engagement?ouverture-ssmenu=oui

A écouter : la conférence des Rendez-vous de l’Histoire de Blois 2022 : "La guerre froide au coeur des Jeux Olympiques"

https://rdv-histoire.com/programme/la-guerre-froide-au-coeur-des-jeux-olympiques

A lire : Jérôme Gygax, Olympisme et Guerre froide culturelle, ‎ Editions L’Harmattan, 2012

A noter : "Les Jeux Olympiques, un enjeu de la guerre froide" est une situation étudiée dans les nouveaux programmes d’histoire-géographie de Terminale du lycée agricole.